Actu : La France-Afrique bat de l’aile

Les relations politiques, économiques et stratégiques de la France avec ses anciennes colonies africaines ont toujours été caractérisées par un paternalisme altier affiché par l’ancienne puissance coloniale. Malgré l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, les différents régimes français ont maintenu un système permettant de garantir l’interventionnisme et le contrôle de la France sur ces territoires, c’est ce que l’on a dénommé de longtemps la France-Afrique.

Aujourd’hui, pourtant, le moins qu’on puisse dire c’est que les relations entre la France et l’ensemble de ses anciennes colonies africaines ne sont pas au bon fixe.

Un lent effritement des relations privilégiées entre la France et ses anciennes colonies africaines 

Les rapports diplomatiques et commerciaux entre la France et ses anciennes colonies africaines ont, dès le lendemain des indépendances, été marqués par une forte influence dans toutes les décisions prises.

Le président de Gaulle, par l’entremise de Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, a toujours continué d’orienter les choix de politiques internes, économiques et géostratégiques des nouveaux États indépendants. Par exemple, la monnaie de tous les États est demeurée le franc CFA précédemment franc des Colonies Françaises d’Afrique.

Il a fallu attendre juin 1989 avec le sommet africain de la Baule pour que le président français d’alors, François Mitterrand en l’occurrence, admette la nécessité de mettre fin à ce système d’influence. Malheureusement, ce fut simplement des déclarations et des vœux pieux, car le président s’est ensuite inscrit dans la dynamique de la gauche républicaine, paternaliste et interventionniste.

Prétendant savoir ce qui est bien pour l’Afrique, l’ex-puissance occidentale a imposé des orientations économiques et monétaires, par le truchement du CFA. De même, elle est militairement intervenue à maintes reprises (en argumentant des accords militaires et de défense) pour déstabiliser ou renforcer un régime en fonction de son obéissance et sa docilité.  Au fil des années, des mouvements de rejet de cette relation privilégiée ont commencé par émerger dans la société civile africaine. Ce rejet de la Françafrique commence à être repris par la nouvelle classe politique, lasse de se sentir traitée comme inférieure dans des rapports qui auraient dû de longtemps être basés sur des relations d’égal à égal.

Les envies de changement dans un contexte économique d’ouverture

Depuis la fin de la guerre froide, la bipolarisation du monde a laissé place à des sphères d’influence beaucoup moins claires, caractérisées par une nouvelle course aux accords bilatéraux. Bien entendu, dans ce contexte, la France, qui avait l’habitude d’être l’unique partenaire privilégié de ses anciennes colonies africaines, voit de plus en plus sa zone d’influence diminuer. D’autres acteurs ont aussi envie de jouer leur partition mais pas question de répéter les erreurs du passé.

Cette nouvelle donne dans les relations internationales entre la France et l’Afrique est principalement due à la forte implication et la nouvelle pénétration de pays comme la Chine et la Russie. En effet, ces nouveaux acteurs se positionnent comme des partenaires dont l’influence ne cesse d’accroître.

L’exemple le plus marquant de ce changement radical est la situation au Mali. Suite à un coup d’État militaire, le président Ibrahim Boubacar Keita, jugé trop laxiste face à la menace terroriste, mais également trop proche de l’Élysée, a été renversé. Le nouvel homme fort, Assimi Goïta, a entamé un rapprochement avec la Russie et s’est lancé dans un élan anti-français sans précédent sur le continent. Le colonel reproche, en effet, aux forces françaises présentes au Sahel de ne pas considérer l’armée locale à sa juste valeur, pire d’entretenir certains foyers djihadistes.

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